« La créolité, c’est la richesse de notre patrimoine culturel. Mais au-delà, c’est l’affirmation de notre mauricianisme », a déclaré le Premier ministre Navin Ramgoolam en ouvrant officiellement la nouvelle édition du Festival International Kreol, vendredi soir à Mont Choisy. Il a rappelé que cet événement est avant tout une célébration de l’âme mauricienne, de l’histoire plurielle qui a façonné le pays et de la langue qui unit toutes les communautés.
Le Premier ministre a insisté sur le fait que la langue créole n’appartient pas à une seule communauté, mais à tous les Mauriciens, en tant que langue maternelle commune. « Le langage créole est porteur de notre histoire. Il a aujourd’hui une place centrale et doit continuer à être valorisé, y compris dans l’éducation. Nous devons être conscients de la chance que nous avons. Notre diversité est notre richesse. C’est dans l’unité que Maurice tire sa force », a-t-il déclaré, rappelant que le créole, désormais reconnu à l’école, favorise une meilleure compréhension et un apprentissage plus fluide chez les enfants.
Il a ensuite souligné le sens profond de cette manifestation : « Cette année, nous nous réunissons autour du thème de la culture créole et de son authenticité, de sa manière de vivre, de sa générosité, de sa richesse culturelle. C’est aussi une affirmation de notre mauricianisme. Le créole, c’est une langue qui appartient à nous tous. C’est aussi une manière de vivre ensemble. La tradition, la culture, la cuisine créole nous unifient et font de nous un modèle unique. »
Tout en saluant le travail des artistes et des porteurs de tradition, Navin Ramgoolam a rendu un hommage appuyé aux figures qui perpétuent le séga typik, classé patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO depuis 2014. « Nous transformons la souffrance en beauté artistique et culturelle », a-t-il affirmé. La culture, a-t-il ajouté, demeure une force de résistance, de mémoire et d’unité.
Le Premier ministre a également mis en garde contre les divisions, évoquant les tensions intercommunautaires dans d’autres régions du monde. « Ici, malgré nos différences, nous réussissons à préserver l’entente multiculturelle. Beaucoup d’étrangers s’en étonnent. Cette harmonie est notre bien le plus précieux », a-t-il noté.
Il a conclu en appelant à la vigilance : « Nous devons rappeler qu’il y a des pyromanes dans le pays qui, tout le temps, mettent le feu entre les uns et les autres. Nous devons rester unis. Il y a de plus en plus de choses qui nous unissent que de choses qui nous divisent. » Il a également salué les artistes, la reconnaissance du séga tipik par l’UNESCO, la collaboration avec l’AHRIM, ainsi que le potentiel touristique et économique du festival. Avant lui, le Premier ministre adjoint Paul Bérenger avait pris la parole, ramenant l’auditoire aux racines historiques et transnationales du créole. Il a évoqué non seulement Rodrigues, La Réunion, les Seychelles et les Chagos, mais aussi Haïti, qu’il souhaite voir associé au festival. Il a rappelé les parallèles historiques entre Maurice et Haïti, notamment l’abolition de l’esclavage et les luttes pour l’indépendance.
Paul Bérenger a par ailleurs reconnu les contraintes budgétaires : « L’AHRIM et les hôtels ont contribué davantage financièrement que les autres. Nous traversons un moment difficile : électricité… Il y a déjà eu des coupures. Les hôtels mettent les générateurs en marche à leurs frais. Nous célébrons le Festival Kreol dans une situation difficile. »
Il a ensuite élargi la portée du festival : « Certains pourraient dire que la langue créole est la langue de la communauté créole, mais c’est la langue nationale. Oui, il existe une communauté créole, mais la langue, c’est la langue maternelle commune. Pareil pour le festival : nous l’appelons Festival Kreol, oui pour la communauté, mais aussi pour toutes les communautés. C’est l’occasion de célébrer la langue créole et les autres communautés. »
Le ministre du Tourisme Richard Duval, quant à lui, est revenu sur les choix difficiles liés à l’organisation. Malgré un budget restreint et le risque de critiques, il a décidé de maintenir l’événement sur trois jours et d’inviter un maximum d’artistes. Il devait ajouter : « Nou bizin bien konpran, bann artis inn subir boukou imilyasyon pandan sa 10 dernie lane-la… Ena mem ti gagn baté lor lari kan zot ti pé revandik zot drwa. »
Il a chaleureusement remercié les hôteliers pour leur soutien financier et souligné l’importance du partenariat public-privé. Il a conclu en célébrant l’authenticité créole, la cohabitation, la cuisine, la joie de vivre et l’accueil légendaire mauricien : « Nu pli gran richesse, sé nu Morisien », avant d’insister sur la nécessité de transcender la souffrance pour faire rayonner l’identité créole.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !

