Meurtre à la prison de Melrose : Andy Selmour forcé à avaler de la drogue après son agression

• Réunion hauts-gradés police-gardiens de prison au bureau du CP jeudi 

Andy Selmour, 33 ans, aurait été contraint d'ingurgiter un produit illicite imbibé dans du fil après son agression mardi. Les enquêteurs explorent cette thèse après visionnage des images de surveillance.

Un détenu de 33 ans, Andy Selmour, est décédé mardi soir à la prison de Melrose après avoir été agressé et forcé à avaler un produit suspect. L'enquête de la CID de Quartier-Militaire révèle des dysfonctionnements graves dans la prise en charge de la victime et soulève de lourdes questions sur les conditions de détention.

L'examen des images vidéo de la prison, dont certaines caméras sont dotées d'un enregistrement audio, a permis aux enquêteurs de reconstituer les derniers moments d'Andy Selmour. Sur les séquences visionnées, au moins cinq détenus encerclent la victime, qui gît au sol en se tordant de douleur suite à son agression. Les images montrent l'un des assaillants forçant Andy Selmour à avaler un bout de fil imbibé d'un produit soupçonné d'être de la drogue de synthèse. « Zot finn fors li aval enn bout difil pandan ki li dan douler… Ris sa ris sa », peut-on entendre sur l'enregistrement audio.

Quelques secondes plus tard, le détenu se met à vomir avant d'être abandonné par ses agresseurs. La police estime qu'il s'agirait de fil imbibé de drogue de synthèse. « Paret li finn forse pou ingurgit kitsoz », confie une source proche de l'enquête.

La CID de Quartier-Militaire enquête également sur un « retard » suspect dans l'alerte et la demande d'intervention des secours médicaux. Par ailleurs, au moins 25 minutes se sont écoulées entre la confirmation du décès et l'accès de la police aux lieux, selon l'enquête préliminaire.

Les faits remontent à mardi. Andy Selmour avait été agressé en début d'après-midi, recevant une entaille d'au moins 5 centimètres. Blessé, il avait été pris en charge par les gardiens et placé à la Medical Unit. Ce n'est qu'au bout d'environ 30 minutes qu'il a été examiné par deux infirmiers, qui ont alerté le médecin de la prison. Celui-ci a ordonné son transfert à l'hôpital, mais des hauts-gradés auraient ignoré cette directive, jugeant inutile de l'envoyer au Prison Ward de l'hôpital JNH.

Plus tôt dans la journée, Andy Selmour avait été pris à partie par deux détenus dans un règlement de comptes. À sa sortie des toilettes, il a été encerclé et roué de coups par cinq détenus. La scène a été captée par les caméras CCTV. En mauvais état, il a été emmené vers une autre cour de la prison en attendant les secours.

Jeudi, le Commissaire de police Rampersad Sooroojebally a tenu une réunion avec des responsables de la prison aux Casernes centrales. Plusieurs hauts-gradés policiers et pénitentiaires ont fait le point sur les événements de mardi. Selon nos informations, plusieurs éléments de « maldonne » ont été relevés, notamment dans les timings d'alerte aux urgences et à la police.

La suspension de deux gardiens de service mardi après-midi, et leurs manquements pour n'avoir pas envoyé Andy Selmour à l'hôpital malgré la recommandation du médecin de la prison, ont été évoqués. Les deux gardiens, suspendus depuis mercredi lors de l'enquête interne, auraient pris la décision de ne pas transférer le détenu, blessé et ayant été forcé à ingurgiter un fil imbibé, selon les vidéos du CCTV.

Les enquêteurs analyseront les images des caméras. L'un des points clés concerne la période entre 16 h 50, moment où Andy Selmour est placé dans une cellule du Medical Ward, et 18 h 20, où il aurait poussé ses derniers souffles. Durant ces 90 minutes, il aurait été laissé sans assistance médicale, malgré des signes de détresse évidents.