Si le gouvernement agit de manière raisonnable, il pourrait accorder une compensation de Rs 700 à Rs 800, mais il ne faudrait pas supprimer la CSG Allowance, avance Jane Ragoo, secrétaire générale de la Confédération des travailleurs des secteurs publique et privé (CTSP).
Comment se sont déroulés les échanges lors de la réunion tripartite ? Y a-t-il eu un réel espace de dialogue ?
L’ambiance était détendue, les échanges cordiaux et la réunion s’est bien déroulée. Le Premier ministre a fait son exposé de la situation, chacun a ensuite présenté son point de vue. Le patronat, de son côté, a demandé que la compensation salariale ne soit pas appliquée dans les secteurs couverts par des accords collectifs, afin de ne pas déséquilibrer les barèmes salariaux déjà négociés.
De mon côté, j’ai attiré l’attention du Premier ministre sur un point important : la CTSP, rien que pour l’année 2025, a signé 18 accords collectifs avec des entreprises, grandes comme petites. Or, ces accords incluent une clause de sécurité qui stipule que tout changement favorable décidé après la signature doit être répercuté sur les salaires. Le patron est donc tenu d’ajuster les salaires en conséquence. J’ai donc demandé au Premier ministre de ne pas entrer dans leur jeu. Nous nous y opposons fermement.
Le Premier ministre a évoqué l’insatisfaction de Moody’s sur la réduction de la dette publique. Vos commentaires ?
Moody’s ne contrôle pas notre pays. Chaque année, on tient cet exercice pour rétablir le pouvoir d’achat des travailleurs. Pourquoi évoquer cette agence ? Moody’s dicte-t-elle notre pouvoir d’achat ? Ce qui nous intéresse, ce sont les chiffres de Statistics Mauritius. Le Premier ministre disait lui-même que, sous l’ancien régime, les statistiques étaient faussées. Mais cette année, avec les nouveaux chiffres, on voit bien ce qu’il en est.
Le panier des ménages s’élève à Rs 45 000 selon le Bureau des statistiques. Et si on applique un taux d’inflation de 3,8 % sur une base de référence de Rs 22 515, ça donne une compensation de Rs 855, sans même compter la perte de Rs 600 avec la suppression de l’allocation CSG. Donc, on a fait aussi la demande pour que la CSG Allowance ne soit pas coupée.
Par ailleurs, jamais on n’a vu un comité tripartite qui fait juste qu’écouter pour laisser ensuite le Conseil des ministres décider. Ce n’est pas ça, le dialogue social. Il faut venir avec des chiffres, débattre dessus, ou alors, qu’on établisse un salaire minimum sur lequel sera indexé le taux d’inflation pour établir la compensation salariale.
Pensez-vous que le quantum proposé sera en deçà des attentes, notamment face à la perte réelle du pouvoir d’achat ?
Tout le monde a subi une perte de pouvoir d’achat, même ceux qui gagnent plus de Rs 50 000. À mon avis, si le gouvernement agit de manière raisonnable, il pourrait accorder une compensation de Rs 700 à Rs 800, mais il ne faudrait pas couper ou supprimer la CSG Allowance.
Quel message adressez-vous au Conseil des ministres, qui devra arbitrer sur la compensation salariale ?
Deux syndicalistes, membres du Conseil des ministres, à savoir Paul Bérenger et Ashok Subron, savent parfaitement que ce qui s’est passé aujourd’hui n’était pas correct. Pourquoi est-ce au Conseil des ministres d’avoir le dernier mot et non au comité technique comme cela a toujours été le cas ? Qui a conseillé au gouvernement que ce soient des ministres qui prennent la décision finale ? Je leur conseille, si vraiment ils veulent un changement, d’envoyer un signal fort, un vrai signal que les choses changent. Il faut redonner espoir au peuple. J’ai aussi attiré l’attention sur un point : il faut rétablir l’âge de la pension vieillesse à 60 ans. Concernant la compensation, on recommande Rs 855. Lors de la réunion d’aujourd’hui (Ndlr : ce jeudi), les syndicalistes ont convenu d’un taux d’inflation de 4 %. En prenant Rs 22 515 comme base de référence, la compensation devrait donc s’élever à environ Rs 900. Il est essentiel de compenser les travailleurs de manière juste et adéquate, et il faut aller dans cette direction.
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