Sexagénaire poignardée par sa voisine - Raksha : «Mo mama mem pa konn madam-la»

Raksha n’arrive toujours pas à comprendre. Elle cherche ses mots, puis répète, incrédule : « Mo mama pa mem konn sa madam ki’nn agres li la. » Sa mère, Soomawtee, 63 ans, a été poignardée aux petites heures du jeudi 4 décembre dans sa propre chambre, à l’étage de sa maison de Clémencia, Bel-Air/Rivière-Sèche. L’agresseuse ? Sa voisine, Shakuntala Devi Doorjun, dite Sairah.

Un événement qui a bouleversé toute une famille et tout un quartier. Et pourtant, mercredi soir, tout semblait calme. Comme d’habitude, Soomawtee est montée se coucher dans sa chambre à l’étage, alors que d’autres membres de la famille vivent au rez-de-chaussée. « Madam-la kone ki li dormi lao tousel », avance un proche.

Peu avant 3 heures du matin, les images de caméras de surveillance capturent les mouvements de Sairah faisant irruption dans la cour de la victime. Elle brise les vitres d’une fenêtre de la maison. Elle se glisse à l’intérieur et surprend Soomawtee en plein sommeil. « Li’nn rantre li’nn pik li », relate Raksha.

À l’arrivée de la police, Soomawtee gisait dans une mare de sang. Selon Raksha, sa mère a subi une perforation au niveau des poumons. Son état a été stabilisé par les médecins traitants. Elle est admise à l’hôpital SAJ, à Constance Flacq.

Sairah a été arrêtée quelques heures plus tard et placée en état d’arrestation. Mais elle avait subi des blessures après avoir sauté du premier étage de la maison de la victime dans sa fuite. Peu avant d’être interpellée par la police, elle aurait ingurgité un produit nocif, soupçonné d’être du pesticide. Elle a été admise à l’hôpital. À sa sortie, elle fera l’objet d’une accusation provisoire de tentative de meurtre.

D’autre part, une perquisition a été effectuée dans la cour et la maison de Sairah Doorjun. Plusieurs objets soupçonnés d’être liés à des actes de sorcellerie ont été retrouvés par la police.

Raksha affirme ne pas connaître réellement l’agresseuse. Sairah a vécu pendant des années à l’étranger. « Zame mem nou pa’nn konn li, apre anviron kinzan li vinn Moris, nou pa’nn trouv li mem », confie-t-elle. 

Quel motif aurait pu pousser Sairah à cibler Soomawtee ? Raksha dit ne pas le savoir. « Zame mem nou pa’nn gagn problem ar li », insiste-t-elle, choquée par les récents événements. Le quartier était paisible, sa mère y vivait dans le calme. Elle n’aurait jamais eu de démêlés avec quiconque. Raksha confie qu’à ce jour, les raisons exactes de cette agression ciblant sa mère sont toujours inconnues. 

La police soupçonne un acte prémédité

Sairah aurait-elle prémédité l’agression ? C’est en tout cas ce que laissent penser les informations reçues par la Criminal Investigation Division (CID) de Bel-Air/Rivière-Sèche. Elle avait, en effet, réservé un billet d’avion pour l’Angleterre le même jour. Les enquêteurs soupçonnent qu’elle envisageait de fuir le pays immédiatement après les faits. Cependant, elle a été arrêtée avant.