Figure incontournable du paysage économique mauricien, Arnaud Lagesse dirige l’un des plus grands groupes du pays tout en assumant désormais la présidence de Business Mauritius. Souvent perçu comme un dirigeant visionnaire, il se révèle ici sous un angle plus intime : celui d’un Mauricien profondément attaché à son pays, à ses équipes et à la jeunesse. Entre convictions, introspection, humour et ouverture sur l’Afrique, il raconte sa manière d’être leader, père, insulaire et citoyen.
Vous êtes souvent décrit comme l’un des premiers CEO du pays, une figure de leadership respectée et observée. Mais derrière ce titre, quel homme se cache réellement ?
Leadership respectée et observée ! Vous me flattez, et c’est vous qui le dites, pas moi ! Dans la vie quotidienne, je ne me sens pas comme « un premier CEO ». Je suis Mauricien, papa, quelqu’un qui aime la vie, et qui s’émerveille encore tous les jours de tout.
Et, franchement, je ne suis ni impressionné, ni drivé par les titres dans les organigrammes, ni par les titres de presse parce qu’ils ne définissent pas une personne. Ils ne définissent définitivement pas qui je suis en tout cas.
Derrière tout ça, ceux qui me connaissent bien pourront, je l’espère, vous dire qu’il y a simplement un homme attaché à son pays, à sa famille, à ses amis, à ses équipes, aux valeurs sociétales, au respect d’autrui et à l’environnement. Rien de bien spectaculaire.
Quelles sont les valeurs qui vous guident au-delà du cadre strict des affaires ?
Le respect d’abord. Je pense que rien ne tient sans respect. La courtoisie et l’écoute ensuite. Et puis la parole donnée. Enfin, le sens des responsabilités. De tout temps, mon père, Cyril Lagesse, m’a appris que diriger, c’est assumer. C’est rester cohérent et aligné avec ses convictions et cela même quand personne ne regarde. Au fait, surtout quand personne ne regarde.
Ces valeurs viennent de mon éducation, donnée par mes parents, et renforcée au Lycée Labourdonnais. Elles m’aident à garder les pieds sur terre, même quand tout autour va super vite et que rien n’est simple.
Avec le recul, quelle a été la plus grande leçon de leadership que vous ayez apprise au fil des années ?
Qu’on ne dirige jamais seul. Avec les années, j’ai appris - quelques fois à mes dépends - qu’un leader n’est pas un sommet, c’est un centre. Il met les gens en mouvement, mais il n’avance pas sans eux. IBL est ce qu’il est, grâce à nos équipes. C’est la seule vérité. C’est ensemble que nous avons construit un groupe fort, ouvert, et aujourd’hui solidement implanté à l’échelle régional aussi.
Si vous deviez faire une introspection sur le leader que vous êtes devenu, quel regard porteriez-vous sur votre propre parcours ?
Je dirais que, heureusement, j’ai appris à ralentir. À écouter davantage. À ne pas confondre vitesse et précipitation. Quand on est jeune, on croit que foncer est une force. Avec le temps, on comprend que la force est dans le mouvement, mais aussi dans la clarté. J’ai aussi appris à assumer davantage mes responsabilités et à relativiser les choses.
Issu d’une famille emblématique du paysage mauricien, vous portez un héritage fort et privilégié - ce qui ne vous a pas empêché de travailler dur pour apporter de la valeur ajoutée. Racontez-nous ce défi.
Je viens effectivement d’une famille connue dans l’histoire économique du pays. Mais je n’ai jamais voulu être réduit à cela uniquement. Je ne suis pas « la famille Lagesse ». Je suis Arnaud. Un homme qui travaille beaucoup, qui doute souvent, qui essaie toujours, qui écoute de plus en plus avec les années qui passent. Et qui se trompe aussi ! L’héritage explique d’où je viens, mais pas qui je suis et où je vais.
Je compare l’héritage à un phare quand on est en mer. Il éclaire. Il situe. Il aide en indiquant les écuelles et les passes par où le bateau peut rentrer en sécurité. Il donne une orientation, mais il n’évite surtout pas l’effort. Il ne fait pas le trajet à notre place.
Et lorsque le poids du nom et des responsabilités se fait sentir, comment parvenez-vous à gérer cette pression avec sérénité ?
Avec du recul, en prenant du temps pour moi (j’aime la mer et les grands espaces), avec la famille - j’ai trois beaux enfants, des adultes aujourd’hui – avec les amis, et avec du sport régulièrement. Je me suis même mis au yoga récemment ! Et je ne pensais pas que ce serait aussi difficile ! Tout ça m’aide à ralentir, à évacuer, à respirer.
Comme je vous le disait, je suis papa de trois jeunes adultes qui vivent entre Maurice, l’Australie et l’Afrique. Je garde autant de moments que possible pour rester connectés à eux. Et ça me recentre instantanément. J’aimerais beaucoup les voir tous revenir s’installer à Maurice un jour, bien sûr, mais je sais aussi que nos enfants ne nous appartiennent pas. Ils suivent leur route. Et je suis fier de qui ils deviennent.
Votre entourage vous décrit comme quelqu’un d’humble et d’accessible. Comment gardez-vous les pieds sur terre, tout en étant considéré comme le premier CEO du pays ?
Encore ce titre ronflant…. (rires) C’est une étiquette extérieure. Si je peux choisir, je préfère mille fois humble et accessible ! Je dirige IBL, et si le groupe est là où il est, c’est grâce au travail de milliers de personnes. Le mérite revient au collectif même s’il faut un capitaine.
Garder les pieds sur terre, je pense que c’est rester conscient de la réalité que vivent les Mauriciens. L’avenir de tout un chacun est plus difficile à prédire, et un nombre croissant de familles est sous pression. En sus, il semble que beaucoup de nos jeunes se demandent s’ils ont un avenir ici.
Quand on voit ça, on ne peut pas être déconnecté. L’économie n’a de sens que si elle améliore le quotidien. L’inclusivité doit être réelle. Il faut absolument tenter de réduire les écarts, de créer des opportunités, et avancer ensemble.
Bref, garder les pieds sur terre, je pense que c’est essayer, encore et encore, de faire que la croissance profite au plus grand nombre dans un monde fou et qui évolue tous les jours plus rapidement. J’ai parfois des craintes pour les générations à venir. Comment vont-ils vivre ? Où vont-ils habiter ? Quels seront leurs métiers demain ? Quelle place l’humain aura-t-il aux côtés de l’IA ?
Avez-vous des rituels du matin ou du soir qui vous permettent de rester centré ?
En général, 4 jours sur 5, je commence ma journée avec du sport. Je peux ensuite affronter le reste. J’aime bien rentrer chez moi avant le coucher du soleil et juste décompresser, quitte à travailler à nouveau après le diner.
Comment parvenez-vous à préserver votre vie personnelle ?
En posant des limites, même si cela n’est pas toujours évident. Quand on est chef d’entreprise, la frontière entre le bureau et la maison est difficile à cerner. La vie professionnelle peut tout avaler si on la laisse faire. Je sors très peu pour des raisons professionnelles et j’essaie de garder - autant que possible - ma vie personnelle et familiale loin des sphères professionnelles.
La famille Lagesse est indissociable de l’histoire de Maurice. Quelle place occupe-t-elle dans votre identité personnelle aujourd’hui ?
Une place importante, évidemment. Mais je suis Arnaud avant d’être un « nom de famille ». Ce que je porte au quotidien, ce n’est pas juste une lignée en héritage. C’est plutôt un engagement très concret envers notre pays, les gens qui y vivent, et ce que je peux apporter, moi, avec mes propres forces et mes propres limites. Mais je suis fier d’être qui je suis, fier de ma famille proche et reconnaissant à mon grand-père et mon père pour ce qu’ils ont bâti durant les 90 dernières années.
Quel est votre rêve pour votre pays ?
Nous avons un pays extraordinaire, mais nous traversons des moments où, j’ai l’impression, beaucoup de Mauriciens doutent. Les médias nous rapportent souvent que la vie est difficile pour trop de familles, que les écarts grandissent et qu’une bonne partie de notre jeunesse semble se demander si elle a vraiment une place ici. Pour moi, la première étape serait de recréer de l’espoir, du concret, des perspectives réelles. Il faut que Maurice retrouve confiance dans sa capacité à avancer.
Je crois aussi - comme beaucoup dans le secteur des affaires je pense - que notre avenir dépend de notre ouverture. Maurice ne peut pas progresser en restant tournée vers elle-même. Nous devons redevenir un pays qui inspire confiance, un pays où les talents veulent venir, rester, et revenir. Pour cela, nous devons absolument moderniser nos fondamentaux : l’éducation, l’énergie, la logistique, les compétences, l’innovation. Pas pour “faire comme les autres”, mais pour affirmer notre place dans la région.
Pour moi, c’est exactement cela que nous devons retrouver. Notre capacité à être un point d’ancrage, un point de passage, un pays ouvert sur la région et sur le monde. Nous avons tout pour devenir un acteur important dans l’océan Indien et de l’Afrique : notre histoire, notre multiculturalisme, notre stabilité, nos entreprises engagées, et surtout nos gens.
Mon rêve est ambitieux mais simple. Je souhaite que nos jeunes puissent se projeter ici, que nos familles respirent un peu mieux, que le pays avance ensemble et qu’on retrouve cette fierté tranquille d’être Mauricien.
Vous évoquez souvent la fibre du mauricianisme. Comment la vivez-vous, au quotidien ?
Le mauricianisme, pour moi, c’est quelque chose de bien concret. C’est une manière d’agir, de respecter, de reconnaître qu’on fait partie d’un pays et qu’on a un rôle à jouer. Bon, c’est aussi accepter que notre pays ne soit pas parfait, surtout quand je regarde l’état de nos plages publiques les lundis matin. Mais Maurice mérite qu’on s’engage pour la faire avancer.
Je pense que je vis le mauricianisme, à ma façon, en me sentant responsable de contribuer à ce pays qui m’a beaucoup donné. Quand on dirige un groupe comme IBL, je vous assure qu’on ne pense pas seulement en termes de bilans financiers. Franchement, avec toute l’équipe, on pense beaucoup en termes d’impact. Est-ce qu’on crée des emplois ? Est-ce qu’on accompagne des familles ? Est-ce qu’on ouvre des opportunités ? Est-ce qu’on renforce notre position dans la région pour mieux soutenir la base ici, à Maurice ? Tout cela fait partie du mauricianisme tel que je le comprends et je le vis.
Qu’avez-vous retenu de votre éducation familiale ?
Le sens du devoir et des responsabilités. La parole donnée. La reconnaissance envers autrui. C’est ce qui m’a construit.
Parlez-nous de votre rôle de père : quelle place cela occupe-t-il dans votre équilibre, votre vision du bonheur, et quel héritage souhaitez-vous transmettre à vos enfants et petits-enfants ?
Être papa tient une place essentielle dans ma vie. Comme je vous disais, mes enfants sont aujourd’hui de jeunes adultes avec leurs vies à eux, mais chaque échange me rappelle ce qui compte vraiment. Être parent apporte une forme de perspective qui recentre les priorités, et remet de la simplicité dans le bonheur. Je suis très challengé par eux et cela, même si c’est difficile de temps à autres à entendre. C’est une vraie piqûre de rappel que le monde a changé et change toujours, que la vie passe par des petits moments de bonheur simple hors de cette société de consommation.
L’héritage que je souhaite leur transmettre ? Je pense d’abord le courage d’être eux-mêmes, le respect des autres, la curiosité, l’honnêteté intellectuelle et morale et l’idée que la réussite n’est jamais individuelle mais collective.
IBL Group a mis en place la Fondation Joseph Lagesse. Racontez-nous votre engagement à ce niveau et la portée humaine que vous souhaitez lui donner.
La Fondation est vraiment le cœur humain d’IBL. C’est elle qui nous rappelle, au quotidien, que notre rôle dépasse nos bilans et nos investissements. Nous accompagnons des familles, des jeunes, des communautés qui vivent souvent des situations très difficiles, et nous le faisons dans la durée, sans effets d’annonce.
Ce que je souhaite, c’est que la Fondation continue d’agir sur le terrain, de manière discrète mais efficace, dans l’esprit des valeurs de mon Grand-Père Joseph Lagesse : proximité, respect, dignité, solidarité. L’objectif est de créer des changements concrets et durables dans la vie des gens, pas de « cocher des cases ».
On connaît le capitaine d’industrie. Quelles sont vos passions, celles qui nourrissent votre créativité ou votre sérénité ?
Le sport et la nature me font beaucoup de bien, mais j’ai aussi un vrai attachement pour l’art. Je trouve que beaucoup d’artistes mauriciens ont un talent fou. Il y a dans leurs créations quelque chose de profondément insulaire, une luminosité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Mais la mer et la voile restent mes grands repères. C’est là que je me ressource. J’ai eu la chance de découvrir la voile très jeune et la chance de pouvoir en pratiquer maintenant de façon autonome.
Y a-t-il un lieu à Maurice où vous aimez vous ressourcer, loin du tumulte des affaires ?
Chez moi !
Quels musique, lecture ou films vous inspirent et vous accompagnent dans les moments de calme ?
Je ne lis pas suffisamment hélas, mais je viens justement de terminer le dernier livre de Dan Brown – Secrets of Secrets. C’était une vraie échappatoire. J’aime son sens du rythme, l’intrigue, la manière dont il construit un monde qui vous sort complètement du quotidien.
Côté musique, je reste éclectique. Selon l’humeur. La musique crée une bulle après des journées intenses.
Vous voyagez beaucoup : y a-t-il une ville que vous aimez particulièrement, ou qui vous donne ce sentiment d’être « chez vous » ?
Paris. J’y ai vécu durant une partie de mes études et j’y ai appris énormément. C’est une belle capitale, exigeante, et profondément connectée au monde. Elle me parle encore aujourd’hui. Et la Méditerranée aussi fait partie des endroits où je me sens aligné.
Quelle est la clé pour allier réussite économique et impact humain ?
La cohérence. Pour moi, une entreprise n’est pas un tableau Excel, mais un organisme vivant. Si une partie souffre, tout souffre. On ne peut plus dissocier la performance économique de l’impact humain. Pour être durable, la croissance doit être inclusive, responsable et ancrée dans le réel.
Chez IBL, je pense que notre modèle fonctionne parce qu’il repose sur trois principes simples qui sont la discipline, la proximité et l’utilité. Notre nouveau tag line « Trust, Truth, Together » est ancré dedans et dit tout.
La discipline, pour moi, c’est par exemple la capacité à investir au bon moment, à se retirer quand il le faut, et à rester rigoureux dans nos choix. La proximité, c’est comprendre les réalités des marchés où nous opérons - que ce soit à Maurice, au Kenya, aux Seychelles ou à La Réunion. Et l’utilité, c’est créer de la valeur qui touche réellement la vie des gens. Il faut des emplois, de la formation, des opportunités et des projets structurants. Aujourd’hui, la réussite économique n’est plus seulement financière. Je crois fermement qu’elle se mesure aussi à l’impact qu’on laisse dans une communauté, à la confiance qu’on inspire et à la solidité qu’on construit pour la génération suivante.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune Mauricien ambitieux qui rêve de réussir sans jamais trahir son authenticité ?
Reste toi-même, mais élargis ton monde. Voyage si tu peux, forme-toi, expose-toi, apprends vite, apprends souvent. Mais reviens au pays…. Le parcours professionnel n’est jamais une ligne droite. Il y aura des détours, des obstacles, un tas de moments de doute. Mais si tu restes aligné avec tes valeurs, si tu choisis le travail bien fait plutôt que les raccourcis, tu construiras quelque chose de solide.
Et surtout comme je le disais plus haut, essaie au maximum de revenir à Maurice parce que les jeunes ont tant à apporter. Le pays a besoin de votre énergie et de vos regards neufs.
De nombreux jeunes quittent aujourd’hui le pays, convaincus que l’herbe est plus verte ailleurs. Comment les encourager à rester et à contribuer à l’avancement de Maurice ?
La mobilité est normale. Je suis même convaincu qu’elle est positive. Ce qui m’interpelle, c’est quand je lis dans les médias que trop de jeunes partent parce qu’ils ou elles pensent que Maurice n’a rien à leur offrir.Pour changer cela, je pense qu’il est urgent de leur donner plus de visibilité positive. Il faudrait absolument un plus gros effort commun, public comme privé, pour renforcer la confiance dans nos institutions, dans notre gouvernance, dans notre économie et dans cette société - dans le sens noble du terme - qui est mise à mal depuis trop longtemps. Et nous devons aussi, travailler de façon encore plus rapprochée pour moderniser nos fondamentaux, comme l’éducation, les compétences, l’énergie, la logistique, l’innovation, et j’en passe.
Il y a aussi une réalité macroéconomique qu’on ne peut ignorer. Nous sommes rémunérés en roupies, mais nous consommons dans une économie largement indexée sur l’euro et le dollar. Cela crée une pression terrible sur le pouvoir d’achat, et cela peut nourrir un sentiment d’impasse. Une politique fiscale et monétaire plus prévisible sont aussi essentielles pour restaurer cette confiance et cette envie de revenir « au Pays ». Je pense sincèrement que Maurice a les moyens de retrouver un équilibre, mais cela demande de la rigueur, de la transparence et une cohérence dans les décisions publiques. Le tout avec une collaboration renforcée.À l’échelle d’IBL, nous essayons aussi d’être plus attractifs pour nos jeunes avec, par exemple, notre stratégie « Beyond Borders ». Créer des ponts, offrir à nos talents des horizons plus larges, des responsabilités régionales, des expériences internationales. Pas pour les éloigner de Maurice, pour mieux les y ramener.
Finalement, on ne retient pas quelqu’un. On lui donne envie de rester, ou de revenir.
On dit de vous que vous êtes un homme discret, peu enclin à l’exposition médiatique. Est-ce un choix de vie ou une forme de stratégie silencieuse ?
Ni stratégie, ni calcul. C’est simplement ma nature. J’assume mes responsabilités publiques, mais je préfère que la lumière soit mise sur les projets, sur les équipes, sur les réussites collectives… pas sur moi.
Après toutes ces années d’expérience, qu’est-ce qui continue de vous émouvoir, de vous toucher profondément ?
L’authenticité des gens. La simplicité des gestes. Les équipes qui travaillent dans l’ombre, sans chercher la reconnaissance. Les papas et les mamans qui se lèvent chaque matin, malgré les difficultés, avec une dignité tranquille. Notre pays est fait de beaucoup de force silencieuse. C’est ça qui me touche le plus.
Votre devise, « Success without fulfilment is a failure », est devenue emblématique. Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette philosophie qui semble guider vos pas ?
La réussite, au sens traditionnel, peut-être une illusion. On peut avoir des titres, des chiffres, des bâtiments. Et ne rien ressentir. J’ai vu des personnes « réussir » extérieurement, mais s’éteindre intérieurement. Pour moi, le succès doit être aligné avec tes valeurs. Ce « fulfilment » vient quand ce que tu fais a du sens, qu’il améliore la vie d’autres personnes et qu’il laisse une trace utile. Le reste, ce n’est qu’un décor.
Vous assumez désormais la présidence de Business Mauritius. Comment abordez-vous ce nouveau défi et la responsabilité qu’il implique pour le secteur privé et le pays ?
Avec autant de gravité que d’espoir. Nous entrons dans une période où Maurice doit faire des choix structurants a plusieurs niveaux - énergie, compétences, digitalisation, productivité, gouvernance, inclusion. Business Mauritius doit être, tous les jours un peu plus, un partenaire solide et constructif de l’État. Mais aussi un espace où les entreprises, petites, moyennes et grandes se parlent, se challengent, s’alignent et coconstruisent des solutions pour le pays. Le monde change super vite. L’Afrique se transforme, la région bouge, les technologies redessinent les métiers. Si nous voulons que Maurice reste un pays crédible, attractif et respecté, nous devons anticiper, et non pas subir. Les médias rapportent que l’image de Maurice en tant que place financière de référence est fragilisée. Il est également évoqué que, face à une concurrence accrue, les secousses au niveau du tourisme et de sa stratégie long terme pourraient faire reculer Maurice dans le classement des destinations long-courriers préférées des voyageurs. Les « mixed-signals » envers les étrangers et les investisseurs immobiliers peuvent, quant à eux, pourraient créer un doute et ralentir notre croissance. Nous nous devons d’être vigilants et intransigeants sur la gouvernance et nous mettre au travail ensemble.
Dans mon message de prise de fonction, j’ai dit que notre mission était de faire du progrès un bénéfice partagé, et non réservé à quelques-uns. Je le pense profondément. La croissance économique ne vaut rien si elle ne renforce pas l’inclusion, la confiance et la qualité de vie des Mauriciens.
À Business Mauritius, nous ne sommes pas simplement « la voix de la communauté des affaires ». Nous nous devons d’être, encore plus, une force de progrès pour le pays. Ambitieuse. Responsable. Et solidaire.
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